Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/180

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bruit de pas qui annonce sans doute la venue tant désirée de Walther.

Scène v. — C’est en effet le jeune chevalier qui arrive par la ruelle. Eva se précipite à sa rencontre et lui déclare, très exaltée, que, quoi qu’il advienne, c’est lui qu’elle choisit, envers et contre tous, comme compagnon et comme époux. Walther, encore ému et indigné de son échec du matin, raconte à son amie avec quel mépris ces Maîtres arriérés l’ont accueilli, lui qui, plein de courage, réconforté par son amour, s’était prêté à leurs épreuves. Aussi voit-il bien que jamais il n’acquerra ce titre, condition indispensable, d’après la volonté de l’orfèvre, pour obtenir la main d’Eva ; une seule ressource leur reste, s’ils veulent être l’un à l’autre : c’est de fuir ensemble, de conquérir la liberté… Dans sa fièvre et son excitation, il croit entendre les railleries des Maîtres le poursuivant encore et proclamant leurs prétentions sur sa bien-aimée ; farouche, il met la main sur la garde de son épée ; mais le bruit lointain qu’il a entendu, c’est seulement la trompe du veilleur de nuit qui fait sa ronde et invite au repos les habitants de la ville. Les deux amoureux n’ont que le temps de se dissimuler à sa vue : Eva disparaît dans l’intérieur de la maison avec Madeleine, qui est revenue la chercher, et Walther se blottit derrière le tilleul pendant que Sachs, qui a surpris leur conversation, ouvre un peu plus sa porte et baisse sa lampe pour continuer d’observer sans être aperçu, se promettant bien de surveiller les deux imprudents et de les empêcher de commettre leur folie.

Le veilleur s’est éloigné, et Walther sort de sa retraite, attendant avec anxiété le retour d’Eva. Elle reparaît bientôt, affublée des vêtements de sa nourrice, qu’elle a pris pour se mieux cacher. Elle indique déjà à son ami le