Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/208

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couvre le sol de ses racines et dont la puissante ramure traverse la toiture. Dans le tronc de l’arbre on aperçoit la garde d’une épée dont la lame tout entière est enfoncée et dont la poignée se voit confusément dans l’ombre. À droite, au premier plan, un brasier devant lequel est un amoncellement de peaux de bêtes formant une sorte de lit de repos. Au pied de l’arbre qui occupe tout le milieu, une table rustique et des escabeaux. Derrière le brasier, des degrés conduisant à un garde-manger. À gauche, un escalier menant à une chambre.

L’orage gronde avec force au dehors, la chaumière est déserte.

La porte du fond s’ouvre brusquement et livre passage à un guerrier sans armes, les vêtements en désordre, l’air harassé de fatigue ; tout en lui dénote un fugitif. Après avoir fouillé du regard la pièce inhabitée, il se laisse glisser sur les fourrures devant le foyer, et, cédant à la lassitude, ne tarde pas à s’endormir.

L’habitante de la rustique demeure, Sieglinde, survient, et apercevant, étonnée, cet inconnu, elle l’éveille et s’enquiert avec sollicitude de son état ; elle lui donne à boire et apprend de lui que, traqué par ses ennemis, trahi par ses armes qui se sont brisées entre ses mains, il a dû chercher son salut dans la retraite. Avec de longs regards d’amour, il accepte l’hydromel que lui verse Sieglinde et dont, selon l’usage, il lui demande de goûter avant lui, mais veut fuir sans retard son hospitalité, car il apporte le malheur partout où il repose. — Hélas ! lui répond-elle, la tristesse depuis longtemps habite cette maison, ce n’est pas lui qui l’y attirera ; et elle l’engage à attendre le retour de son époux, Hunding, qui va rentrer de la chasse.

Scène ii. — Ils se considèrent mutuellement avec une attention soutenue et un intérêt toujours croissant, quand