Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/213

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lorsqu’il a voulu boire à la source de Sapience, de l’abandon d’un de ses yeux ?

Après une lutte violente avec lui-même, il a fait le serment que réclame Fricka, et, resté seul en proie à une sombre douleur, tandis que la déesse s’éloigne, forte de la promesse obtenue, il voit revenir Brünnhilde à laquelle il va dicter de nouvelles instructions.

Scène ii. — La Walkyrie, saisie d’inquiétude en présence de l’allure triomphante de Fricka, s’approche vivement de son père, qu’elle trouve accablé par l’assaut qu’il vient de subir et le serment qu’il a été contraint de faire. Navrée de l’abattement de ce père chéri, elle jette au loin ses armes, son bouclier, et se laisse tomber devant lui dans un mouvement plein de confiance et d’affection ; elle le conjure de décharger son cœur. Il se confie alors à sa fille préférée, celle qui est la vaillante expression de sa volonté et de sa pensée la plus intime. Devant elle il revoit, descendant au plus profond de son âme, les fautes qui l’ont amené à ce résultat : l’ambition qui s’est emparée de son cœur lorsque l’ardeur de l’amour légitime s’est éteinte en lui ; les traités qu’il a contractés, avide de domination et sur les conseils du rusé Loge, pour asservir les autres dieux ; le rapt de l’anneau, qui lui a valu la haine implacable du Nibelung Alberich. Cet anneau, il eût fallu le rendre aux abîmes du Rhin pour faire cesser tous les dangers qu’il suscite, mais Wotan en a fait le payement du Burg que lui ont construit les géants, le Walhalla, et il est maintenant la propriété de Fafner, qui le garde avec un soin jaloux au fond de sa caverne.

Dans sa détresse, le dieu a voulu consulter Erda, qui déjà une fois lui avait donné de salutaires avis ; il l’a contrainte à lui dire toute sa pensée ; puis, la séduisant à l’aide d’un philtre d’amour, il l’a rendue mère de neuf vierges