Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/227

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Le nain va cependant tenter un dernier effort pour s’assurer le succès : il laissera le téméraire vaincre le dragon avec son épée fameuse, puis, comme ce combat l’aura épuisé, Mime lui présentera, sous prétexte de le réconforter, un breuvage enchanté dont quelques gouttes l’endormiront d’un profond sommeil et le lui livreront sans défense. Alors le Nibelung n’aura plus qu’à se frayer son passage vers la grotte, où il s’emparera facilement du trésor si ardemment et si longuement convoité par lui. Déjà il se voit en possession de l’anneau renfermant le charme tout-puissant, et savoure par avance à longs traits les enivrements de la royauté souveraine. Il prend dans son armoire les sucs nécessaires à son infernale cuisine, qu’il met cuire sur l’extrémité du fourneau de la forge.

Cependant Siegfried, tout en chantant, a fini de marteler son arme merveilleuse ; il la trempe, puis la brandit sur l’enclume, que cette fois il fend en deux d’un mouvement plein de force et d’aisance. Le nain, arraché à ses méditations, sursaute et tombe affolé par terre, tandis que l’adolescent élève joyeusement son épée en signe de triomphe.

2me  Acte.

Scène i. — L’action se passe dans la forêt, devant la caverne ou Fafner assoupi garde son trésor. À droite, au premier plan, des roseaux touffus ; au milieu, un vaste tilleul aux puissantes frondaisons et dont les racines offrent une sorte de banc naturel. Au second plan, qui est un peu surélevé, se trouve, à gauche, à demi cachée par un amas de rochers, l’ouverture de l’antre du dragon. L’arrière-plan est formé par une muraille de rocs à pic. Une nuit obscure règne sur toute la scène.

Alberich veille anxieusement aux abords de Neidhöhle,