L’Ouverture des Maîtres Chanteurs, bien qu’elle constitue un superbe portique à l’œuvre et un morceau symphonique en apparence indépendant et complet par lui-même, ne peut être entièrement comprise et admirée comme elle le mérite que par celui qui a déjà une connaissance complète de l’ouvrage entier, c’est-à-dire à une deuxième lecture ou à une deuxième audition. Elle est construite sur cinq thèmes pris parmi les plus importants de l’ouvrage, dont elle expose le sujet réduit à sa plus grande simplicité. Deux de ces thèmes font connaître la docte et prétentieuse corporation des Maîtres Chanteurs ; les trois autres nous dépeignent les diverses phases de l’amour d’Eva et du chevalier Walther de Stolzing.
Tout d’abord, des accords lourds et pompeux, d’une allure à la fois noble et pédante, affectant un rythme de marche
[partition à transcrire]
dessinent énergiquement le caractère des
Maîtres Chanteurs, gens à convictions profondes, à principes
inébranlables, respectables au fond, mais poussant parfois leur
zèle jusqu’à l’absurdité ; d’ailleurs gais et dispos.
Par une douce opposition, aussitôt se fait entendre le charmant motif de L’Amourt naissant, à la fois léger, discret, déjà tendre pourtant : l’éclosion de l’amour inconscient :