Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/587

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tourer de toutes parts la Walkyrie endormie ; on peut trouver la Chevauchée enfantine… Mais ce sont là des détails minimes, auxquels on ne prête plus aucune attention quand on est captivé par le sujet.

Ce qu’on peut admirer sans restriction, ce sont les superbes toiles du 3me  acte de Tannhäuser, du 1er  et du 3me  acte de Lohengrin, du Vaisseau et de Karéol dans Tristan et Iseult, presque tous les décors des Maîtres Chanteurs, et celui, peut-être le plus saisissant de tous dans son austère sincérité, des 1er  et 3me  actes de Parsifal ; dans la Tétralogie de l’Anneau du Nibelung, le premier décor du prologue, les profondeurs du Rhin, la caverne d’Alberich, le Rocher des Walkyries, la Forge, le site forestier sur le Rhin, et les deux vues, intérieure et extérieure, avec le fleuve comme fond, de la demeure de Gunther. Tous ceux-là sont vraiment splendides, et ajoutent quelque chose à l’émotion musicale.

La machination n’a rien d’extraordinaire, quoi qu’on en ait dit ; c’est celle de tout théâtre bien organisé ; elle est pourtant parfois ingénieuse, mais toujours avec des procédés simples ; ainsi le décor qui marche, d’abord de droite à gauche, ensuite de gauche à droite, dans Parsifal, donnant au spectateur l’illusion que c’est lui qui se déplace, est obtenu par le simple enroulement, avec des vitesses différentes, de toiles placées à divers plans, sur des cylindres verticaux plantés entre les portants. — Pour éviter de fermer les rideaux entre les tableaux, on a recours à un ingénieux système de jets de vapeur montant du plancher et venant habilement se confondre avec les rideaux de nuages peints sur gaze qui masquent au public les changements de décors. — Les Filles du Rhin, qui semblent vraiment nager entre deux eaux, qui évoluent