Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/600

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d’une organisation si merveilleusement comprise et si complète.

J’ai pu démontrer la facilité et l’agrément du court voyage nécessaire, décrire l’accueil courtois et empressé dont on peut être certain de la part des habitants bavarois ; j’ai pu retracer à grands traits les principales époques de la vie si agitée, et pourtant conduite en ligne droite, tendant fermement et inébranlablement vers le but unique auquel il a atteint, du créateur de toutes ces prodigieuses merveilles ; j’ai pu fournir une double analyse, dramatique et musicale, qui me semble de nature à guider le néophyte, et à lui faciliter, au moins lors d’une première audition, l’intelligence du style wagnérien pur ; j’ai pu encore faire connaître les détails de l’agencement intérieur du Théâtre des Fêtes et de ses Représentations-Modèles, où tout est à la fois si savamment et si artistement combiné pour le triple plaisir de l’intelligence, des oreilles et des yeux ; mais ce que je dois renoncer à exprimer, parce que c’est inexprimable, c’est l’émotion profonde et durable qui ressort de l’ensemble enveloppant d’une interprétation ainsi conçue et préparée On peut entendre du Wagner partout ailleurs, dans des conditions en apparence satisfaisantes, avec une partie des mêmes interprètes, ou même des interprètes supérieurs, si l’on veut ; nulle part on ne vit de la vie des personnages du drame, on ne s’identifie avec eux de la même manière, nulle part on n’est envahi iusquà l’obsession, et quelle douce obsession ! par l’action dramatique et musicale.

D’une belle représentation bayreuthienne de Parsifal, de la Tétralogie ou des Maîtres Chanteurs, celui qui sait entendre et jouir sort avec la sensation intime et délicieuse d’une amélioration morale.

Faute de points de comparaison, il n’y a qu’une seule