à tout jamais avec les sujets historiques, qui lui opposaient mille entraves, pour ne plus traiter que les sujets d’ordre purement humain, qui seuls lui paraissaient justifier l’emploi simultané de la poésie et de la langue musicale.
En 1844 il avait été mis à la tête du comité qui s’était formé à Dresde pour y ramener les cendres de Weber, mort à Londres en 1826. Il composa pour la circonstance une Marche funèbre sur deux motifs d’Euryante, et un chœur pour voix d’hommes, qui produisirent un excellent effet.
C’est sous l’influence de cet événement, qu’il avait pris grandement à cœur, qu’il termina en 1845 la musique de Tannhauser (non telle qu’elle est jouée maintenant ; il lui fit subir plus tard de nombreux remaniements : la scène du Vénusberg, entre autres, est devenue bien plus importante par la suite, ainsi que la scène finale du troisième acte).
Le théâtre de Dresde s’empressa de monter l’ouvrage, avec une grande richesse de décors et de mise en scène : mais il ne répondit pas plus que le Vaisseau fantôme à l’attente du public, qui avait encore espéré voir le compositeur revenir au genre qui lui avait valu un si grand succès avec Rienzi, et il atteignit à grand’peine sept représentations. Le rôle de Tannhauser était tenu par Tichatschek et le fatiguait. Mme Devrient avait accepté par dévouement le rôle de Vénus, persuadée de n’en rien pouvoir tirer. Le personnage d’Elisabeth était confié à une débutante, Johanna Wagner, nièce de l’auteur.
L’insuccès de Tannhauser fut un grand déboire pour Wagner, qui s’était flatté d’amener le public à lui sans lui rien sacrifier de son côté « Un sentiment d’isolement complet m’envahit, écrivit-il ; ce n’était pas vanité ; je m’étais sciemment préparé ma déception, et j’en restais