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Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/70

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Tout d’abord il se dirigea sur Paris, où il espérait faire exécuter ses ouvrages. Mais quel théâtre aurait été à ce moment disposé à monter une œuvre tragique ? Il tenta aussi de publier une série d’articles sur des sujets artistiques et révolutionnaires, et dans lesquels il aurait exposé les idées qui bouillonnaient alors dans son cerveau. Mais sa proposition fut accueillie plus que froidement par le directeur du Journal des Débats auquel il s’était adressé. Voyant qu’il n’avait rien à faire à Paris, il partit en juin 1849 pour Zurich, où sa femme vint le rejoindre et où il trouva plusieurs de ses amis, réfugiés politiques comme lui.

La vie d’exil ne lui fut pas dure ; il devint citoyen de Zurich et rencontra de suite des sympathies éclairées, qui l’entourèrent d’une atmosphère intelligente et dévouée. Cette période fut une des plus profitables et des plus fécondes de son existence. Dans cette calme retraite où il se reprit tout entier, son génie, s’élevant graduellement à chaque production, arriva à trouver sa forme définitive et atteignit à sa plus haute expression. C’est à pas de géant qu’il marche, de sa première œuvre conçue dans l’exil, à la dernière, Tristan. Dès lors il a trouvé sa voie et n’a plus qu’à continuer ainsi.

Éprouvant décidément le besoin de faire connaître ses théories politiques et socialistes et laissant pour un temps toute production musicale, il publia successivement plusieurs écrits : l’Art et la Révolution, puis l’Œuvre d’art de l’avenir. En 1850, enfin, la Nouvelle Gazette musicale de Leipzig fit paraître un article ayant pour titre : Du Judaïsme dans la musique, signé Freigedank, mais dans lequel tout le monde reconnut avec raison le style et les idées de Wagner. Cet article fut apprécié de bien des façons différentes, et violemment blâmé par ses adversaires, qui l’accusaient d’une noire ingratitude en-