Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/97

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ment du succès financier, car le déficit total était de 187,500 francs (150,000 marks), les frais étant de beaucoup plus considérables qu’on ne l’avait prévu. Ce déficit ne pouvait, en aucune manière, affecter les souscripteurs, qui avaient rempli leurs engagements, et il retomba tout entier sur Wagner seul. Il fallait parer à ce nouveau désastre. Wagner partit donc pour Londres où il alla donner, au printemps de 1877, une série de concerts, ce qui lui était toujours pénible ; de plus, il permit à un imprésario, l’imprésario Neumann, je crois, de prendre possession des décors de la Tétralogie pour les colporter de ville en ville ; ces décors étaient fort beaux, et ce dut être un crève-cœur pour lui de les abandonner ainsi[1]. Tout cela ne suffisait pas ; la générosité du jeune roi de Bavière et de quelques-uns des anciens fondateurs dut encore intervenir, et enfin Wagner se trouva entièrement libéré de ses engagements, avec la satisfaction d’avoir accompli loyalement et sans défaillance, grâce à sa persévérante ténacité, le rêve de sa vie, la création du Théâtre de Fêtes et la représentation intégrale de sa Tétralogie.

Mais pendant six ans, jusqu’en 1882, il fut impossible de rouvrir le théâtre, faute d’argent, malgré l’excellente gestion du conseil d’administration.

De son vivant, Wagner vit donc seulement deux fois s’ouvrir le théâtre de ses rêves : en 1876, pour l’inauguration, par la Tétralogie, et en 1882, pour Parsifal.

Depuis sa mort, on a joué neuf fois : en 1883, 1884, 1886, 1888, 1889, 1891, 1892, 1894 et 1896, sous l’administration active et infatigable de M. von Gross, exécuteur tes-

  1. Il entendait seulement les prêter. Mais ils furent totalement perdus, et lors de la reprise de la Tétralogie, en 1896. il a fallu en faire de nouveaux : de même pour les costumes et accessoires.