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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

Mais une grave difficulté se présentait qu’il n’avait pas prévue ; — on ne saurait penser à tout. — C’était justement pendant que l’orgue terminait son Entrée que le prêtre devait apparaître, et le père Veteau n’avait pas le temps de dégringoler de sa tribune ; c’était encore au moment même où le prêtre retournait à la sacristie que devait être entonnée la Sortie… il aurait fallu être à deux endroits à la fois !

Quel effondrement de toutes ses nobles ambitions ! Il faillit en faire une maladie. Renoncer à ses épaulettes de général et à sa canne de tambour-major, jamais ! Alors quoi ? ne pas souffler son fils ? laisser à un autre, à un inconnu, cette part de collaboration intime ?

Fort heureusement, la Providence veillait.

J’ai oublié de vous dire qu’il y avait un troisième fils, plus jeune, pour lequel on avait trouvé dans une ville d’Algérie un emploi analogue à celui de son père : il était sacristain, bedeau et souffleur à l’église protestante de la localité. Mais comme il n’était pas savetier, il recevait tous les ans, au jour de l’an, une belle paire de souliers à cordons tout neufs, très épais, mais toujours trop grands, dus à la munificence paternelle. Ne pouvant les porter, et désirant témoigner sa reconnaissance, un beau jour il les avait vendus en bloc, et avec la somme ainsi obtenue, il avait acheté un singe d’assez grande taille, qu’il avait envoyé à ses parents, pour égayer l’échoppe du clocher. De fait, cet animal, très intelligent, très comique, attaché à une longue