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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE


Par exemple :

« Virginie doit-elle se faire pianiste ou mercière ?

— Mais, madame, je ne connais pas Mlle Virginie ; qui est-ce ?

— C’est ma fille, monsieur.

— Ah ! ah ! et quel âge a-t-elle ?

— Seize ans.

— Joue-t-elle bien du piano ?

— Pas mal, elle a commencé il y a trois mois avec la petite de la concierge, qui a eu sa troisième médaille l’an passé, même que tout le monde a dit qu’elle aurait dû avoir la première, parce qu’elle était malade ce jour-là, et que son professeur n’avait pas voulu la recommander à monsieur…

— Abrégeons, madame… Aime-t-elle la musique ?

— Pas beaucoup, ça l’ennuie ; seulement nous pensons qu’on gagne plus d’argent dans le piano que dans la mercerie…, etc… »

Bien entendu, j’opine pour la mercerie.


Autre exemple :

— « Mon fils aura-t-il de la voix ?

— Quel âge a-t-il ?

— Six ans !… »


Ou encore :

— « Quel instrument dois-je préférer pour faire apprendre à mon fils ? »


Plusieurs fois, on m’a demandé quelle était la meilleure classe d’harmonie ; en ce cas, la réponse est invariable, naturellement : c’est la mienne.


Un jour, le père d’un de mes élèves les plus sympathiques, mais dont la croissance et le développement physique étaient inférieurs aux progrès, vient me trouver très anxieux :

— « Croirait-on qu’il va avoir quinze ans, mon garçon ? Le soir, quand nous nous promenons, je dis de temps en temps : « Cristi ! la jolie femme ! » Vous croyez qu’il se retourne… Ah ! ben ouiche,