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Page:Lavignac - Les Gaietés du Conservatoire.djvu/60

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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

puis quatre, puis toutes les bougies faisaient de même, et l’audition était interrompue…

On appelait Louis, qui essayait de rallumer les bougies, n’y parvenait pas, et les remplaçait par des neuves ; les invités s’offraient pour aider, montaient sur les chaises, enfin c’était très gai, très mouvementé, on ne s’embêtait pas.

Ça, c’est moi qui l’avais inventé.

(N. B. — Les bougies ne s’éteignant que lorsque la cire était fondue jusqu’à la hauteur du trou, il ne restait aucune trace du mode opératoire, et le truc ne fut jamais découvert.)



Ceci est un de mes remords.

Je venais d’avoir quinze ans et le premier prix de piano, lorsque je lus, sur je ne sais quel journal, une réclame idiote mais persistante d’un pauvre diable de professeur qui prétendait enseigner le Piano et la Composition en un mois ; le malheureux offrait, pour mieux allécher ses pratiques, de donner deux leçons gratuites, des leçons particulières, s’il vous plaît, à tous ceux qui désireraient s’édifier sur l’efficacité de sa méthode, et couvrait d’affiches tous les murs de Paris.

J’aurais dû en avoir pitié, mais connaît-on la pitié à quinze ans ? Je ne vis au contraire que le côté grotesque de sa proposition, et ne songeai qu’à m’amuser à ses dépens, curieux de voir jusqu’où peut aller l’audace dans l’exploitation de la bêtise humaine.

J’allai donc chercher un de mes camarades, également premier prix de piano, que vous connaissez déjà, et tous deux, nous nous présentâmes chez « le Maître » un beau soir vers