Page:Lavisse - La Bataille de Bouvines, paru dans le Journal des débats, 13 et 16 décembre 1888.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La note se trouve p. suivante

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Le roi se délassait et mangeait au pied d’un frêne, tout près d’une église dédiée à saint Pierre, quand des messagers accoururent, annonçant à grandes clameurs que l’ennemi était là, et qu’il avait engagé l’action contre l’arrière-garde qui pliait.

Philippe se lève, embrasse à grands bras les chevaliers de sa maison, Montmorency et Guillaume des Barres, et Michel de Harnes, et Meauvoisin, et Gérard la Truie, celui-ci venu de Lorraine tout exprès pour combattre les Allemands[1]. Puis, le roi entre dans l’église. Il n’est pas vrai qu’il déposa sa couronne sur l’autel pour l’offrir au plus vaillant, car le roi de France était, par profession, le plus vaillant, et sa couronne ne lui appartenait pas. Dieu l’avait commise

  1. Ce Gérard la Truie est, à tous égards, un des héros de la journée. Il a été un des meilleurs au conseil et un des plus braves dans l’action. Il résulte de documens qu’a bien voulu me communiquer M. le comte de Pange, que ce Gérard, dont la nationalité était mal connue, était un baron de Lorraine. M. le comte de Pange a recherché dans l’histoire du moyen âge, avec une érudition patiente, la preuve de l’existence et de la persistance de sentimens français en Lorraine. Il se propose de la donner ces jours-ci en publiant un travail qui aura pour titre : les Manifestations de patriotisme français en Lorraine antérieurement à Jeanne d’Arc.