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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/100

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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

basilique de Saint-Denis. N’est-ce pas le même siècle qui voit s’élever Notre-Dame de Paris, tandis que s’élance vers le ciel la fine et hardie Sainte-Chapelle ? Partout l’esprit humain produit sans relâche. Dans la littérature religieuse et la philosophie, voici saint Bernard, saint Thomas, etc. ; dans la littérature profane, voici des historiens comme Joinville, puis d’innombrables conteurs et poètes, enfin Dante, dont le nom seul suffit pour illuminer deux siècles.

En musique, les xiie et xiiie siècle sont indissolublement liés l’un à l’autre. C’est avec eux que se manifeste ouvertement pour la première fois l’art populaire, l’art libre qui cherche à se dégager des liens du plain-chant de l’Église ; la poésie nationale prend son essor, portée sur les ailes de la musique. L’organisation de cette dernière est fixée définitivement, et par les écoles religieuses et profanes, et par l’institution des corporations de ménétriers et de faiseurs d’instruments. En Allemagne, en France, la même impulsion est donnée ; nous connaissions mal l’Italie artistique de cette époque, assez cependant pour savoir que la musique n’y était pas non plus négligée. Pendant les cinq siècles précédents, nous en étions réduits aux tâtonnements et aux hypothèses ; aux xiie et xiiie, la musique bégaye encore, mais elle parle et on peut la comprendre.

Durant la sombre période des xe et xie siècles, l’enseignement, base de toute science, avait subi un temps d’arrêt ; mais bientôt il avait été remis en honneur. Aux XIIe et XIIIe siècles, les écoles abondaient, où la musique était enseignée avec soin. On en vit une à Soissons, qui rivalisait avec Metz, d’autres à Poitiers, à Orléans, à