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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/107

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LE MOYEN ÂGE.

que la virtuosité était en grand honneur ; dans les concerts, comme à l’église, on entendait partout des chantres et des ménestrels, hommes et femmes, lutter de vocalises et de fioritures. Foudres papales, interdictions épiscopales, rien ne pouvait arrêter le luxe des ornements dans la musique. « Il faut, disait Jean XXIII, que les hommes chantent d’une manière virile et non avec des voix aiguës et factices, en imitant les femmes ; il faut qu’ils évitent de chanter d’une voix lascive et légère, comme les histrions. » La parole pontificale était toujours restée sans effet ; et que pouvaient faire pareilles défenses, lorsque les évêques eux-mêmes étaient complices ?

Ces chanteurs habiles et exercés étaient accompagnés par divers instruments. On est assez porté à croire que les musiciens des époques reculées connaissaient peu d’instruments de musique. C’est une erreur, et l’on pourrait même dire que les instruments sont d’autant plus nombreux que l’art est moins avancé. Pendant tout le moyen âge, ce que nous appelons aujourd’hui instrumentation, c’est-à-dire l’art de combiner les sonorités d’après les rapports des timbres, n’existait réellement pas ; mais les instruments étaient en grand nombre. Les miniatures, les sculptures, les bas-reliefs nous en montrent une étonnante variété ; les poètes et les chroniqueurs en citent peut-être plus encore.

Avant d’entrer dans quelques détails, que le lecteur nous permette de présenter dans un seul tableau les instruments du xiiie siècle. Des tableaux semblables à la fin du xvie et pour l’époque contemporaine nous mettront à même de faire aisément la comparaison.