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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/117

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LE MOYEN ÂGE.

théâtre occupait déjà une place considérable à cette époque. Nous n’avons pas l’intention de refaire l’histoire de l’art théâtral au moyen âge. Rappelons seulement que les premiers essais de ce genre furent des mystères, ou la mise en action des récits de la Bible ou du Nouveau Testament. L’apologue des Vierges sages et des vierges folles est un des plus anciens drames liturgiques de ce genre, et la Bibliothèque nationale en possède un superbe manuscrit du xie siècle ; puis viennent les Prophètes du Christ, la Résurrection et bien d’autres encore. Aux xiie et xiiie siècles, voici, parmi les plus connus, Daniel, le Fils de Gédron, le Juif volé, moitié religieux, moitié comique, la complainte des Trois Maries, et surtout le drame d’Adam.

La musique était tellement importante dans ces drames, que l’on pourrait presque les considérer comme des sortes d’opéras.

Nous avons cité les jeux partis, dialogues presque dramatiques, qui étaient souvent chantés ; mais le xiiie siècle vit naître les jeux, qui nous intéressent de plus près encore que les mystères, puisque l’on a retrouvé en eux les premiers essais de notre opéra-comique.

Ces jeux, qui étaient en assez grand nombre au xiiie siècle, gardaient encore quelques traces de l’influence légendaire et religieuse, comme le Jeu Saint-Nicolas de Jehan Bodel, le Miracle d’Amis et d’Amille. Mais voici une petite pièce villageoise, le Jeu de Robin et Marion, tout à fait en dehors du théâtre clérical et liturgique. Elle est pleine de naïveté, cette scène dans laquelle Marion se défend bravement contre les entre-