Aller au contenu

Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

premières compositions régulières. Nous ne parlons pas des chants épiques ; s’ils étaient accompagnés de musique, selon toute apparence, cette musique était une sorte de cantillation monotone, plutôt qu’une mélodie. Ces hymnes, ces chants sacrés portaient le nom de nomes (lois). Le plus ancien nome connu est adressé par Olen de Délos à Apollon et à Diane. Chacun des grands dieux avait son chant, qui lui était spécialement attribué ; le dithyrambe était voué à Bacchus, le péan, que l’on pourrait appeler le chant national grec, à Apollon, l’oupigès à Diane, l’oulè à Cérès. Ces chants étaient accompagnés de danses. Si les chœurs étaient tristes et lugubres, ils étaient rangés dans la classe des thrénoi ; s’ils étaient joyeux, au contraire, ils appartenaient au genre de l’hyménée. Nous avons dit que chaque dieu avait son chant, pour chacun aussi on employait l’instrument qui lui était le plus agréable ; à Apollon étaient dédiées la lyre et la cithare, à Bacchus la flûte, obligatoire, dit Aristote, dans tous les chants dédiés à ce dieu. « On chante à Dionysios des cantilènes dithyrambiques pleines de pathétique et de transitions, exprimant je ne sais quoi d’égaré et de désordonné… Pour Apollon, au contraire, il faut le péan, hymne sévère et recueilli. » (Plutarque.) Voici du reste la description de ces deux célèbres danses nomiques : « Pour le dithyrambe, les chanteurs se placent en rond. L’un des musiciens, tenant dans ses mains des tuyaux sonores, fait entendre une mélodie qu’inspire la fureur, l’autre entrechoque les cymbales d’airain. Des sons semblables aux mugissements du taureau surgissent on ne sait d’où, et le bruit du tambour roule en répandant la terreur. Les murs sont affolés et les toits