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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/66

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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

mains empruntèrent d’abord leur musique aux premiers, tant qu’ils furent pauvres ; ils l’achetèrent aux seconds, quand ils se sentirent riches.

C’est dans les cérémonies religieuses que la musique fait sa première apparition à Rome. Les prêtres des cultes les plus anciens de ce peuple de laboureurs et de soldats, les Arvales et les Saliens, pontifièrent au son de la flûte et de la double flûte. Les premiers célébraient des sacrifices où l’on entendait résonner ces instruments ; les seconds frappaient en dansant sur leurs boucliers et la flûte scandait leur chanson guerrière. Si, pour obéir à la loi des Douze tables, on fait en public l’éloge des hommes illustres, c’est la flûte qui accompagne les chants traditionnels ; que les femmes et les jeunes filles pleurent un mort regretté, les flûtes, petites et grandes, gémissent au milieu de leurs naenies funèbres et lamentables. Tous les engins sonores de la Grèce, de l’Asie, de l’Afrique, et même des pays barbares feront invasion dans la ville immense à diverses époques ; mais toujours la flûte restera, avec la trompette, l’instrument essentiellement romain.

Introduite en Italie par les Lydiens, dit-on, la trompette devint l’instrument de guerre des Romains. Elle s’appelait, suivant sa grandeur ou son emploi, lituus, buccina, tuba ou cornu. On connaît les grandes trompettes romaines : les unes sont droites, les autres courbées, au pavillon béant, représentant la gueule d’un horrifique dragon, lourdes et portées sur l’épaule ; ce sont les trompettes des triomphes, instruments bien nationaux de ce peuple de soldats (fig. 21).

La trompette fut, avec la flûte, un instrument sacré