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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/77

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L’ANTIQUITÉ.

C’était le rythme qui, en somme, était le caractère distinctif du chant de saint Ambroise ; le manque à peu près complet de rythme caractérise aujourd’hui le chant qui lui a succédé et dont nous nous servons sous le nom de plain-chant. Le schisme des églises d’Orient avait produit une profonde scission dans la chrétienté. Les chrétiens d’Occident voulaient un art moins luxueux, moins riche, moins sensuel ; il leur fallait se séparer absolument des traditions antiques ; ce fut le pape Grégoire le Grand (542-604) qui fut le législateur, sinon l’auteur, de la nouvelle musique religieuse. Il reprit tous les chants employés à l’église, les examina, en rejeta le plus grand nombre et ne conserva que ceux qui lui paraissaient dignes du culte catholique et romain ; il composa de la sorte un centon, c’est-à-dire un recueil des mélodies qui durent être seules admises. Ce recueil, qui contenait tous les chants des offices, prit le nom d’antiphonaire. Après douze siècles, et malgré bien des altérations, c’est encore l’antiphonaire grégorien qui est la base de notre musique religieuse.

Non content de condenser ainsi les mélodies de saint Ambroise, de Paulin, de Licentius, saint Grégoire voulut reconstituer aussi la théorie musicale ; aux quatre tons ambrosiens, qui prirent le nom d’authentiques, il ajouta quatre tons correspondants qui furent appelés plagaux. Ce sont les huit tons dont se compose encore le plain-chant grégorien moderne.

Il institua à Rome une école pour perpétuer et propager le chant nouveau ; il la surveillait lui-même et de si près, que l’on conserve, dit-on, encore le bâton avec lequel il conduisait et châtiait tour à tour ses