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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/96

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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

dont nous avons les paroles, mais dont la musique est perdue. Les croisades ne se succédèrent pas sans éveiller la muse populaire. On connaît les paroles en langue vulgaire d’un chant de croisés du xie siècle.

C’était à table que les dilettantes du moyen âge, ainsi que les Romains, aimaient à entendre de la musique, à voir exécuter des danses variées. Écoutez ce concert décrit par Aymeric, écrivain du xe siècle : « Les uns sonnaient dans de triples cornes, ceux-ci jouaient du chorus, ceux-là, frappant sur de rustiques tambours, remplissaient l’air de leur bruit. D’autres, venus de la Gascogne, sautaient au son de la musette, tandis que leurs compagnons pinçaient de la harpe et qu’un dernier groupe, armé de l’archet recourbé, imitait la voix des femmes, au moyen du rebec. » Une scène très curieuse, sculptée sur un chapiteau de l’église de Bocherville (xie siècle), nous montre un nombreux orchestre, accompagnant une ballerine qui danse sur la tête (fig. 33).

Plus heureux pour le moyen âge que pour l’antiquité, nous avons conservé quelques-uns de ces chants profanes, au moins à partir du xe siècle. C’est dans un manuscrit, dit de Saint-Martial de Limoges, et qui appartient à la Bibliothèque nationale, que l’on trouve les plus anciennes chansons, non religieuses, notées en neumes. Ce manuscrit est un des plus précieux monuments de l’histoire musicale. Citons encore un chant sur Othon d’Allemagne, dans un manuscrit du xe siècle, à Wolffenbuttel, une chanson de table du xe siècle que possède la Bibliothèque nationale, les odes à Philis et