on l’oblige à se renfermer dans un ghetto qui lui crée un exclusivisme intellectuel et moral. J’ai établi que le reproche que fait l’antisémitisme moderne aux Juifs modernes, ce n’est pas d’être insociables, mais d’être trop sociables ; ce n’est pas de se livrer uniquement à l’usure ou à la finance, mais au contraire de porter leur activité sur d’autres points et de se mêler à toutes les manifestations de la vie contemporaine. Enfin, en terminant ce livre j’ai écrit (pages 389 et 390) : « Les causes de l’antisémitisme sont nationales, religieuses, politiques et économiques, ce sont des causes profondes qui dépendent non seulement des Juifs, non seulement de ceux qui les entourent mais encore et surtout de l’état social ».
Je récrirais aujourd’hui ce livre que j’aurais sans doute bien des choses à y changer, bien des choses à y ajouter, mais si je me fais un reproche, c’est justement de n’avoir pas précisé les causes religieuses de l’antisémitisme, c’est de n’avoir pas suffisamment montré combien elles servent les intérêts économiques de certains capitalistes.
Aujourd’hui comme hier j’affirme que la lutte contre le Juif est un épisode de la « lutte intestine entre détenteurs du capital » une forme de la concurrence ; en voyant ce combat commercial contre le Juif, se compliquer d’un combat contre le Franc-Maçon et le Protestant, je ne changerai pas d’avis.
Aujourd’hui comme hier, je prétends que l’antisémitisme sert uniquement le capital chrétien ou plutôt catholique. J’ai dit que je défiais Drumont de me prouver le contraire, je l’en défie une fois encore. J’ai déclaré que je ne le laisserais pas se dérober, je le déclare encore. Le débat sur la question juive ne doit pas être un débat sur ma personnalité. M. Drumont voudrait-il en faire un débat sur la sienne ? Je suis persuadé qu’il n’y tient pas.
Je maintiens donc toutes mes affirmations. Je pose de nouveau toutes mes questions, car ce sont celles auxquelles M. Drumont s’obstine à ne pas répondre et je répète :