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porte le nom d’une de nos anciennes provinces de France. — Une décision ministérielle à la date du 19 germinal an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de cette voie publique à 10 m. En vertu d’une ordonnance royale du 31 mars 1835, cette dimension a été portée à 12 m. Propriété no 1, retranch. 40 c. ; 3 et 5, ret. 30 c. ; de 7 à 29, redress. ; 31, 33, alignées. De 2 à 36, ret. 2 m. 20 c. à 2 m. 40 c. ; 38, ret. 1 m. 90 c. — Conduite d’eau entre les rues Vieille-du-Temple et de la Marche. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Police (préfecture de).

Située rue de Jérusalem, no 7. — 11e arrondissement, quartier du Palais-de-Justice.
§ Ier. — De l’hôtel de la Préfecture.

Les bâtiments de la Préfecture de Police devant être compris dans le périmètre du Palais-de-Justice, nous devons d’abord, pour éviter des redites, renvoyer le lecteur à l’article Justice (Palais-de-), où il trouvera des documents applicables à la Préfecture de Police sous le rapport des constructions.

Au moment où nous écrivons, quelques bureaux seulement sont transférés dans les anciens bâtiments de la cour des Comptes dont il a été question au même article, et l’on s’occupe activement d’y préparer les appartements du préfet de police ; mais presque tout le service administratif se trouvant encore dans l’hôtel de la Préfecture, dont la plus grande partie sera d’ailleurs conservée dans le nouveau plan d’agrandissement du palais, nous ne parlerons ici que de l’hôtel de la rue de Jérusalem.

Lorsqu’en 1298, sous le règne de Philippe-le-Bel, Enguerrand de Marigny eut reconstruit en grande partie le palais de la Cité, servant alors de résidence royale, les jardins qui en dépendaient se trouvaient bornés à l’est par le logis du roi, parallèle à la rue de la Barillerie (et dans les restes duquel siègent aujourd’hui la cour d’assises et la chambre des appels de police correctionnelle), et à l’ouest par un bras de la Seine qui a disparu sous les constructions de la rue Harlay. Sur ces terrains on voit aujourd’hui la Préfecture de Police, le Dépôt près la Préfecture, l’Hôtel Lamoignon, et les bâtiments qui entourent la cour Harlay.

La construction de l’hôtel des premiers présidents du parlement de Paris, aujourd’hui Préfecture de Police, fut commencée en 1607, par Achille de Harlay, sur l’emplacement des jardins de l’hôtel du Bailliage, qui lui avait été concédé par lettres-patentes du 28 mai de la même année. Cette construction fut achevée en 1611, par Nicolas de Verdun, son successeur immédiat à la présidence. Le chiffre (W) est encore visible aux tympans des croisées de la façade est de la cour de l’hôtel, qui est ornée en partie de médaillons renfermant les portraits de divers connétables, maréchaux et premiers présidents qui figurent là comme justiciers.

L’Hôtel Lamoignon attenant à la Préfecture et situé sur le quai de l’Horloge, est affecté au logement du colonel de la garde municipale.

Quant au Dépôt près la Préfecture, c’est une prison provisoire, de construction toute récente, composée de deux petits corps de bâtiments de même dimension, qui se rencontrent en angle droit et dans laquelle les détenus des deux sexes ne séjournent guère qu’un ou deux jours, en attendant qu’ils soient mis à la disposition de l’autorité judiciaire ou rendus à la liberté, selon le résultat d’une première enquête faite par un commissaire interrogateur.

§ II. — Historique de la Police.

Longtemps l’exercice de la police a été confondu dans les mêmes mains que celui de la justice civile et criminelle ; et les seigneurs-justiciers de tous étages, sénéchaux, baillifs, prévôts, vidames, etc., étaient en même temps chargés de rendre la justice et de diriger la police. Aucun acte ne nous indique que la police ait été séparée des fonctions judiciaires avant l’année 1666. Jusqu’alors la police de Paris avait été exercée, ensemble ou séparément, soit par le prévôt de Paris, soit par le lieutenant civil ou le lieutenant criminel du Châtelet. Ce fut l’édit du mois de décembre 1666 qui créa un troisième lieutenant de la prévôté exclusivement chargé de cet objet sous le simple titre de lieutenant de police ; et depuis la police a toujours formé une attribution distincte, si ce n’est pendant la révolution, que les juges de paix furent chargés des fonctions de police judiciaire exercées aujourd’hui par les commissaires de police et les-maires.

Par lettres-patentes du 29 mars 1667, Gabriel Nicolas, seigneur de La Reinie, fut nommé à l’office de lieutenant de police nouvellement créé, c’est à ce magistrat qu’on doit l’établissement des lanternes. Avant cette époque, dans des circonstances particulières, on ordonnait à chaque propriétaire de maison, de placer, après neuf heures du soir, sur la fenêtre du 1er étage une lanterne garnie d’une chandelle allumée, pour être préservé des attaques des mauvais garçons.

Par édit du mois de mars 1774, le roi créa un nouveau Châtelet et un second lieutenant de police ; mais des conflits fâcheux firent bientôt sentir la nécessité de réunir dans une seule main la police de la capitale, et en vertu d’une ordonnance du 18 du mois suivant, La Reinie commença la liste des lieutenants-généraux de police.

Les fonctions de ces magistrats de police sont réglées par les édits de décembre 1666, mars 1667, 1674, 1699, 1700, 1707, déclarations des 23 mars 1728, 18 juillet 1729, 25 août 1737, et 16 mars 1755. Ils étaient conseillers-juges au Châtelet de Paris, et