Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/297

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l’administration des rentes constituées sur l’Hôtel-de-Ville, l’ordonnance des cérémonies publiques, l’entretien, la construction des rues, ponts, quais et de tous les monuments de la ville ; enfin il commandait la garde bourgeoise avec le prévôt de Paris, présidait le bureau de la ville, composé des quatre échevins, des procureurs du roi, greffier et receveur de Paris, auxquels étaient adjoints vingt-six conseillers qui exécutaient leurs arrêtés. — Au milieu du XIVe siècle le roi Jean, fait prisonnier à la bataille de Poitiers, confia l’administration du royaume au Dauphin, qui fut depuis Charles V. La prévôté des marchands devint un pouvoir formidable entre les mains de l’ambitieux Marcel. Charles V enleva quelques privilèges à cette magistrature populaire. Après la sédition des maillotins, Charles VI la supprima entièrement. Nous citons ici un extrait des lettres en forme d’édit, par lesquelles « le Roi met en sa main la prévôté des marchands et l’eschevinage, les privilèges et les revenus de la ville de Paris, à cause de la sédition des maillotins. »

« Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, sçavoir faisons à tous présents et à venir, que comme assès tost après le trépassement de nostre très cher seigneur et père que Dieu absoille, les aydes qui à son temps avoient cours en nostre dit royaume pour la deffense d’icelui et mesmement en nostre ville de Paris, eussent été abbatues de fait et mises au néant par certaine commotion de peuple, faite à Paris par plusieurs gens de malvoulenté et désordonnée ; et les boistes de nos fermiers abattues et despéciées ; et depuis ce en l’année dernièrement passée, les bourgeois, manants et habitants de notre dite ville où la plus grant et saine partie eussent accordé avoir cours en notre dite ville pour la deffense de notre royaume, certaines aydes communes, c’est à savoir, l’imposition, la gabelle et autres aydes, par la forme et la manière plus à plein déclarée en certaines instructions sur ce faites à commencer le premier jour de mars dernièrement passé, au quel jour plusieurs a des manants et habitants de notre dite ville, et autres gens de malvoulenté qui estoient le dit jour en icelle ville, en persévérant de mal en pis, et pour empescher le cours des dites aydes, rompu les boistes ordonnées pour mettre les deniers d’iceulz, et d’illecques alez en l’église Saint-Jacques-de-l’Hospital où ils trouvèrent ung des fermiers des dites aydes, le quel ils boutèrent et menèrent par force hors d’icelle église et le tuèrent et meurtrirent. Et après se feussent transportez en la maison de la ville, et d’icelle rompu les portes, huis et coffres et prins grande quantité de maillets qui y estoient, les quels Hugues Aubriot, jadis prévost de Paris, avait fait faire du commandement de nostre très cher seigneur et père que Dieu absoille, et aussi eussent tué et meurtri aucuns de nos officiers et autres qui avoient reçeu les impositions et autres aydes, etc… Pourquoy nous voulant pourvoir à ce et tenir nos subjectz en bonne paix et tranquillité, et les garder de renchoir en telles et semblables rebellions, maléfices et désobéissance par grand et mûre délibération, de nostre grand conseil au quel estoient nos très chiers et amez oncles les ducs de Béri, de Bourgongne et de Bourbon ; et le sire d’Alebret, le contestable, l’admiral et les maréchaux de France et plusieurs autres, tant de nostre sang et lignage comme prélats et autres, avons ordonné et ordonnons par ces présentes les choses qui s’ensuivent : 1o nous avons prins et mis, prenons et mettons en nostre main, la prévosté des marchands, eschevinage et clergie de notre dite ville de Paris avecques toute la juridiction, coertion et congnaissance et autres droits quelconques que avoient et souloient avoir les prévost des marchands, eschevins et clergie d’icelle ville en quelleque manière que ce soit, et aussi toutes les rentes et revenus appartenant à iceulx prévost, eschevins. Item voulons et ordonnons que nostre prévost de Paris, ait toute la juridiction, connaissance et coertion que les dits prévost, eschevins et clercs avoient et pouvoient avoir en quelleque manière que ce soit, excepté le fait de la recette des rentes et revenus de notre dite ville, tant seulement la quelle nous voulons être faite par notre receveur ordinaire de Paris, etc…

Donné à Paris, le 27e jour de janvier, l’an de grâce 1382, ainsi signez par le Roy en son conseil au quel estoient MM. les ducs de Béri, de Bourgongne et de Bourbon, et le sire d’Alebret, le conestable, l’admiral et les maréchaux de France, et plusieurs autres tant du sang et lignage du Roy, comme prélats et autres. Signé Louis Blanchet. » (Tiré du livre rouge de l’Hôtel-de-Ville, folio 233 recto, case C, secq.)

L’administration municipale confiée au prévôt de Paris, tout s’arrêta. Les rues remplies d’immondices devinrent de véritables cloaques ; les ponts, les quais n’étaient plus entretenus ; les édifices inachevés se détérioraient. La bourgeoisie humiliée suscitait au gouvernement des embarras en refusant de payer les nouveaux impôts. Le désordre devint si grand que le roi fut obligé de rétablir cette importante magistrature.

27 JANVIER 1411.

Lettres en forme d’édit par lesquelles Charles VI rend à la ville de Paris la prévôté des marchandes, l’échevinage, etc.

« Charles, par la grâce de Dieu, etc… Que, comme nostre bonne ville de Paris, et qui est la principale ville capitale de nostre royaume, ait esté de toute ancienneté décorée de plusieurs grands et notables droits, noblesse, prérogatives, privilèges, libertez, franchises, possessions, rentes et revenus, et pour le bon gouvernement d’icelle y ait eu de tout temps prévost des marchands et eschevins, clergie, maison apelée la Maison de Ville, Parlouer aux Bourgeois et plusieurs autres officiers pertinents au fait de la ditte prévosté et eschevinage par lesquels nostre