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ques et aux séances solennelles de diverses sociétés savantes. Une autre pièce très vaste, pratiquée dans les galeries Saint-Jean, fut affectée en 1817 à la bibliothèque de la ville qui occupait encore ce local en 1837. — La salle du Zodiaque, à côté de la grande salle, servait de cabinet au secrétaire général, et le salon vert était devenu le cabinet du préfet. Enfin, pour la célébration des fêtes qui furent données par la ville en l’honneur du duc d’Angoulême à son retour d’Espagne, on construisit une vaste salle sous le nom de salle du Trocadero ou d’Angoulême. Depuis 1830, elle avait pris le nom de Salon du Jardin ou de Grand Salon.

Tel on voyait l’ancien Hôtel-de-Ville dont les bâtiments occupaient une superficie de 5961 m.

Malgré les travaux entrepris sous l’empire et la restauration, cet édifice ne suffisait point encore à l’accroissement des différents services administratifs. On fut obligé de faire l’acquisition d’une propriété et de louer une maison de la rue de Lobau. Cependant le poids public, les bureaux de l’octroi ne pouvaient trouver place dans l’hôtel, et leur éloignement gênait une administration qui, vivant d’ordre, avait par conséquent besoin de simplicité dans les moyens et d’unité dans l’action.

À cette nécessité de centralisation venait se joindre une question d’économie qu’il était important de résoudre. Les salons étaient trop étroits, insuffisants, et chaque fois qu’on donnait une fête, il fallait improviser des constructions à grands frais ; la fête terminée, on démolissait ce qui avait été bâti la veille ; aussi dans les dépenses faites à l’occasion des cérémonies qui eurent lieu à l’Hôtel-de-Ville depuis le gouvernement impérial jusqu’à nos jours, et dont nous fournirons ci-après le détail, figure une somme de 4,000,000 fr. pour ces constructions provisoires. Voici la désignation de ces fêtes :

Sacre de Napoléon 
 1,745,646. »
Mariage de Marie-Louise 
 2,670,932. »
Naissance du roi de Rome 
 600,000. »
Baptême du duc de Bordeaux 
 668,000. »
Fête du Trocadero 
 800,000. »
Sacre de Charles X 
 1,164,000. »
Mariage du duc d’Orléans 
 878,613. »

Total 
 8,527,191. »

Il appartenait à l’administration actuelle de remédier à d’aussi graves inconvénients, de placer sous sa main les nombreux et importants services dont elle est chargée et de mettre enfin les bâtiments nouveaux en harmonie avec la splendeur de la capitale.

Le conseil municipal donna son approbation au projet d’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville dont le périmètre fut déterminé par une ordonnance royale du 24 août 1836, et les travaux commencèrent sous la direction de MM. Godde et Lesueur, architectes.

Dans le courant des mois de mai et juin 1837, on démolit les maisons dont l’emplacement était nécessaire aux nouvelles constructions, et le conseil municipal vota, le 9 juin de la même année, une somme de 6,959,818 fr.

Il nous reste maintenant à juger l’Hôtel-de-Ville dans son ensemble ; mais avant de commencer cette appréciation et pour la rendre plus équitable, il nous parait utile d’ajouter quelques lignes à la description que nous avons déjà faite de l’ancien édifice.

Ce fut par l’influence de Catherine de Médicis que Dominique Boccardo fut désigné pour construire l’Hôtel-de-Ville. On a peine à comprendre aujourd’hui la préférence accordée, par l’épouse de Henri II, à l’artiste étranger. Boccardo n’avait produit aucun ouvrage remarquable qui vînt constater sa supériorité sur les architectes français. Il ignorait nos habitudes nos usages, nos lois. Dans les œuvres de nos grands artistes on devine une pensée-mère qui ne se retrouve point dans le monument de l’Hôtel-de-Ville. Le vieux Louvre offre, pour ainsi dire, le caractère de la force, de la majesté royale, comme on aperçoit sur les pierres de l’hôtel des Invalides le symbole de la gloire. L’architecture d’un édifice destiné à la prévôté des marchands, à cette belle et forte institution, devait être avant tout, simple et sévère. Boccardo construisit un hôtel gracieux, élégant, plein de coquetterie, mais dépourvu de grandeur et de majesté. Aussi le corps de la ville fut-il mécontent de cet ouvrage, et maître François Myron, en regardant l’hôtel inachevé de l’Italien, disait avec sa franchise un peu sévère : « À quoi diable pensait cet étranger, sa construction est bonne à loger des ribaudes et non des magistrats. » Puis il donna l’ordre à Du Cerceau de modifier quelques parties défectueuses de l’édifice.

Le temps, des événements importants ont fait grandir l’œuvre de l’artiste italien, mais si on la dégage de tous ces prestiges, il ne lui reste aucune de ces mâles beautés que le génie improvise avec cette hardiesse qui commande le respect et l’admiration.

Tel qu’il était, le monument élevé par Boccardo méritait cependant d’être conservé par la délicatesse de ses détails, par ses ornements gracieux qui peuvent servir à l’histoire de l’art. Les architectes chargés de son agrandissement ont dû chercher, en se conformant au programme, à rattacher les nouveaux bâtiments aux constructions primitives de manière à donner à l’ensemble un caractère d’unité.

En quittant le quai Le Peletier pour entrer sur la place, l’Hôtel-de-Ville apparaît dans tout le développement de ses deux façades de l’Ouest et du Midi.

L’œuvre en s’augmentant a pris de la majesté, mais les anciennes sculptures semblent avoir perdu de leur élégance. Le joli clocher qui complétait agréablement l’ancien hôtel, n’est plus en rapport avec les constructions nouvelles. En s’approchant on aperçoit seize statues dont les niches sont trop petites pour la façade actuelle. Voici les noms des personnages historiques dont la reconnaissance municipale a fait choix ; Saint