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ments de son hôtel. Les travaux commencèrent en 1706. La principale porte qui se présentait en pan coupé sur l’angle de la rue du Chaume et du passage, et qui était flanquée de deux tourelles qui subsistent encore, fut fermée pour en ouvrir une nouvelle dans l’alignement de la rue du Chaume, faisant face à la rue de Braque, et destinée à desservir le passage. La porte principale fut pratiquée dans la rue de Paradis. On la décora de colonnes accouplées, d’ordre composite à l’intérieur et corinthien à l’extérieur, avec couronnement en ressaut, formant sur chaque face un avant-corps dont l’attique était peint aux armes du prince. Les statues d’Hercule et de Pallas, sculptées par Coustou jeune et par Bourdy, figuraient sur l’avant-corps. La façade de l’ancien bâtiment fut décorée au rez-de-chaussée de seize colonnes d’ordre composite, accouplées, dont huit présentent au milieu un avant-corps surmonté d’un second ordre de colonnes corinthiennes que couronne un fronton. Les huit colonnes du rez-de-chaussée supportent quatre statues qui représentent les quatre saisons. Deux autres statues allégoriques dominent le fronton. L’intérieur de l’hôtel fut magnifiquement décoré. La chapelle et ses peintures à fresque furent conservées. Plusieurs artistes célèbres contribuèrent à la décoration et à l’embellissement des appartements. Natoire, Bouchet, Trémollière, Carle-Vanloo, Bertout, etc., en firent un séjour d’une magnificence presque royale. Tel on voyait encore l’hôtel, ou plutôt le palais de Soubise, au moment où la révolution en fit une propriété nationale.

2e Partie. — Archives du royaume. — Les renseignements qui suivent ont été extraits en partie d’une brochure publiée par M. Dessalles, employé distingué des archives. — Dans la solitude des cloitres qui furent longtemps les seuls foyers de lumières, les moines élaborèrent quelques vastes compositions historiques pour lesquelles l’existence humaine était souvent insuffisante. — Il était difficile, presque impossible aux hommes de lettres, de rassembler les matériaux nécessaires à composer notre histoire nationale ou administrative.

Cette admirable et précieuse collection de titres et de documents généraux que nous devons à la révolution était autrefois disséminée dans un grand nombre d’établissements religieux, et enfouie dans plusieurs édifices de nos grandes villes. — Les archives ne furent d’abord que le dépôt des papiers de l’Assemblée Constituante. Par un article de son règlement du 29 juillet 1789, cette assemblée, en créant cet établissement, ordonna qu’on y conserverait les pièces originales qui lui seraient adressées, et l’une des deux minutes du procès-verbal de ses séances. Ce dépôt fut définitivement constitué sous le nom d’Archives nationales, par décret du 7 septembre 1789, sanctionné par le roi le 12 du même mois. Tant que la représentation nationale résida à Versailles, les archives furent placées dans une salle voisine de la sienne. Lorsque cette assemblée vint à Paris, les archives furent immédiatement transportées dans la bibliothèque des Feuillants, puis aux Capucins de la rue Saint-Honoré. Le 1er juin 1790, la Constituante ordonna qu’on y déposerait les formes, planches, et tout ce qui avait servi à la confection des assignats de la première émission ; enfin, le 27 février 1791, on y transporta les caractères de l’imprimerie du Louvre, les machines de l’Académie des Sciences, et les minutes des greffes des commissions extraordinaires du conseil d’État. Les archives reçurent encore de nouvelles richesses par les offrandes de livres, de médailles, d’estampes et de bustes qui furent faites à l’assemblée. — Ce ne fut qu’à partir de l’année 1793 qu’on songea à faire des archives le centre de tous les dépôts appartenant à l’État.

Le décret dont nous transcrivons les principales dispositions, organisa les archives sur des bases toutes nouvelles.

« 7 messidor an II. La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport fait au nom de la commission des archives et des cinq comités du salut public, des domaines et aliénations, de législation, d’instruction publique et des finances, décrète :

Art. 1er. Les archives établies auprès de la représentation nationale, sont un dépôt central pour toute la république.

Art. 2. Ce dépôt renferme : 1o la collection des travaux préliminaires aux états-généraux de 1789, depuis leur convocation jusqu’à leur ouverture. Le commissaire des administrations civiles de police et des tribunaux, fera établir aux archives tout ce que le département de la justice avait retenu ou distrait de cette collection ; 2o les travaux des assemblées nationales et de leurs divers comités ; 3o les procès-verbaux des corps électoraux ; 4o les sceaux de la république ; 5o les types des monnaies ; 6o les étalons des poids et mesures ; on y déposera 7o les procès-verbaux des assemblées chargées d’élire les membres des corps législatifs et ceux du conseil exécutif ; 8o les traités avec les autres nations ; 9o le titre général tant de la fortune que de la dette publique. » (Extrait des procès-verbaux de la Convention).

Un des articles de ce décret ordonnait aussi que les couvents seraient ouverts à une commission créée sous le nom d’Agence temporaire du triage des titres. Les archives, ainsi que nous l’avons dit plus haut, suivirent la Constituante lorsque cette assemblée se rendit à Paris ; elles furent toujours placées dans les mêmes bâtiments que ceux des grands pouvoirs qui dirigeaient la république. On transporta les archives, après le 10 août, dans une salle des Tuileries lorsque l’Assemblée Nationale se fut établie dans l’ancienne demeure de nos rois. Le premier consul et son collègue Lebrun étant venus habiter ce palais, la représentation nationale occupa le palais Bourbon, qui reçut le nom de palais du Corps-Législatif. Les archives y furent encore réunies. — « Napoléon, etc. Art. 3. L’hôtel Soubise et le palais Cardinal seront achetés par notre ministre des finances et réunis au domaine, moyennant le paiement d’une