des comptes, qui contribua si puissamment à l’entrée de Henri IV à Paris. Madeleine Luillier attira d’Aix en Provence, deux religieuses Ursulines qui, en 1608, vinrent à Paris et furent logées à l’hôtel de Saint-André, faubourg Saint-Jacques. Elles s’occupaient, suivant leur institut, de l’instruction des jeunes filles. Ces Ursulines étaient encore séculières, lorsque leur fondatrice leur assura 2 000 livres de rente, à condition qu’elles prononceraient des vœux et garderaient la clôture. Cette dame obtint le 13 juin 1611, une bulle du pape qui confirma cette fondation. Elle fit alors l’acquisition de l’hôtel de Saint-André, le convertit en couvent, et fit venir des religieuses de Reims pour former les nouvelles Ursulines aux exercices monastiques. Le 22 juin 1620, Anne d’Autriche posa solennellement la première pierre de leur église, qui fut achevée en 1627. Cette communauté, supprimée en 1790, devint propriété nationale et fut vendue en sept lots le 11 ventôse an VI. Les portions de terrains qu’on avait exclues de la vente, servirent à former une partie de la rue d’Ulm et le prolongement de l’impasse des Ursulines.
Val-de-Grâce (hôpital militaire du).
Vers le Xe siècle, un monastère dont les religieuses étaient soumises à la reforme de saint Benoit, avait été fondé au Val-Profond, près Bièvre-le-Châtel, à trois lieues de Paris. Anne de Bretagne, femme de Louis XII, ayant pris cet établissement sous sa protection, changea son nom en celui de Val-de-Grâce de Notre-Dame-de-la-Crèche.
Au commencement du XVIIe siècle, les religieuses résolurent de transférer leur abbaye dans la capitale. À cet effet, elles achetèrent, le 7 mai 1621, la propriété dite l’hôtel du Petit-Bourbon. La reine Anne d’Autriche remboursa le prix d’acquisition, et se déclara fondatrice du nouveau monastère. Les religieuses furent installées le 20 septembre 1621, dans cette maison qui fut bénite sous le titre de Val-de-Grâce de Notre-Dame-de-la-Crèche. Anne d’Autriche fit construire quelques bâtiments, et posa la première pierre du cloître le 3 juillet 1624. Cette reine avait fait vœu, si Dieu lui donnait un fils, de bâtir un temple magnifique. Après vingt-deux ans de stérilité, elle mit au jour un prince qui régna plus tard sous le nom de Louis XIV. Anne d’Autriche résolut alors de remplir l’engagement qu’elle avait contracté, en faisant reconstruire avec une somptuosité digne de sa reconnaissance, l’église et le couvent du Val-de-Grâce. Le 1er avril 1645, le jeune roi et sa mère posèrent la première pierre de l’église. Les travaux, suspendus pendant les troubles de la Minorité, furent repris en 1655 ; les bâtiments claustraux ont été termines en 1662 ; ceux de l’église, en 1665.
Ce vaste édifice est l’un des plus réguliers de la capitale. François Mansart fournit les dessins du monastère et de l’église, mais il ne conduisit ce dernier bâtiment qu’à la hauteur du rez-de-chaussée ; alors une intrigue de cour l’obligea d’abandonner la direction des travaux, qui fut confiée à Jacques Lemercier, puis à Pierre Lemuet, auquel on associa Gabriel Leduc. Mansart se vengea de cette injustice d’une manière aussi fine qu’ingénieuse ; il engagea le secrétaire d’état, Henri Duplessis de Guénégaud, à faire bâtir dans son château de Fresnes une chapelle, où il reproduisit en petit le magnifique projet qu’il avait conçu pour le Val-de-Grâce.
Le monument fondé par Anne d’Autriche, se compose de plusieurs corps de logis, de jardins et de l’église. On entre dans une vaste cour, limitée par le grand portail au milieu, et par deux ailes de bâtiments que termine de chaque côté un pavillon carré. Sur seize marches s’élève le grand portail de l’église ; son avant-corps forme un portique soutenu de huit colonnes corinthiennes. Un second ordre décoré de colonnes composites, s’unit au premier par de grands enroulements. Il est terminé, comme le premier ordre, par un fronton orné d’un bas-relief. L’intérieur de l’église est décoré de pilastres d’ordre corinthien à cannelures. Le dôme est, après ceux du Panthéon et des Invalides, le plus élevé de tous les édifices de Paris. Il a été peint à l’intérieur par Mignard. Cette vaste composition, exécutée à fresque, et qui représente le séjour des bienheureux, ne coûta que treize mois de travail à son auteur. — Anne d’Autriche avait accordé au monastère du Val-de-Grâce plusieurs privilèges importants, entr’autres ceux de porter les armoiries de France, et de recevoir les cœurs des princes et princesses de la famille royale. Ce couvent possédait aussi la singulière prérogative de réclamer la première chaussure de chaque fils ou fille des princes du sang. Cette communauté fut supprimée en 1790. Les bâtiments ont été convertis en magasin central des hôpitaux militaires. Nous lisons dans le registre 6, page 76, Administration centrale. — « Décret du 7 ventôse an XII, qui consacre les bâtiments du Val-de-Grâce à un hospice pour les enfants de la patrie et les couches des femmes indigentes. » — Sous l’empire, ils furent affectés à un hôpital militaire destiné à recevoir les malades de la garnison du département de la Seine.