Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/102

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défaites. Tant que les doctrines ariennes prédominèrent, les Juifs vécurent dans un relatif état de bien-être, car le clergé et même les gouvernements hérétiques luttaient contre l’orthodoxie et se souciaient assez peu des Israélites, qui n’étaient pas pour eux les ennemis qu’il fallait réduire. Théodoric fit exception cependant. À peine l’empire Ostrogoth était-il assis, que le roi, poussé peut-être par Cassiodore, son ministre, qui paraît avoir eu fort peu de sympathie pour les Juifs — il les qualifiait de scorpions, d’ânes sauvages, de chiens, de licornes — défendit aux Juifs de construire des synagogues et essaya de les convertir. Mais, malgré cela, il les protégea contre les agressions populaires, et obligea le sénat de Rome à faire rebâtir les synagogues que la foule catholique, insurgée contre l’Arien Théodoric, avait incendiées.

D’ailleurs, en Italie, sous la domination byzantine, si tracassière pour eux, ou sous la domination lombarde plus indifférente, car les Lombards ariens et païens ignoraient à peu près l’existence d’Israël, les Juifs furent sauvegardés des colères et des rages convertisseuses du bas clergé et de ses ouailles par la bienveillance de l’autorité pontificale qui, à de rares exceptions près, semble, à dater du moment où s’accroît sa puissance, vouloir conserver la synagogue comme un vivant témoignage de sa victoire.

En Espagne, la situation des Juifs fut tout autre. De temps immémorial ils habitaient la péninsule, où ils s’étaient établis librement ; leur nombre s’était accru sous Vespasien, Titus et Hadrien, pendant les