droits civils et politiques que les conquérants, d’ailleurs ils entrèrent dans leurs armées et ce furent des troupes juives qui gardèrent les frontières pyrénéennes. Avec la conversion du roi Reccared, tout changea ; le clergé triomphant accabla les Juifs de persécutions et de vexations, et dès cette heure (589) commença pour eux une précaire existence. Ils furent soumis à une législation tatillonne et dure, législation progressivement édictée par les rois Visigoths, et préparée par les nombreux conciles qui, pendant cette période, furent tenus en Espagne. Ces lois successives se trouvent toutes dans l’édit publié par Receswinth (652) ; elles furent remises en vigueur et aggravées par Erwig qui les fit approuver par le douzième concile de Tolède (680)[1]. On défendait aux Juifs de pratiquer la circoncision, d’établir des différences entre les mets, d’épouser leurs parents jusqu’à la sixième génération, de lire des livres condamnés par la foi chrétienne. On ne leur permettait pas de témoigner contre les chrétiens, ni d’intenter contre eux une action judiciaire, ni d’exercer un emploi civil quelconque. Ces lois, qui avaient été constituées peu à peu, ne furent pas toujours appliquées par les seigneurs visigoths qui vivaient dans une certaine indépendance, mais le clergé redoubla d’efforts pour obtenir leur stricte observance. Le but des évêques et des dignitaires de l’Église était d’obtenir la conversion des Juifs et de tuer en Espa-
- ↑ Leges, Visigoth., L. XII. tit. II, 5.