Au huitième siècle, l’Église achève de se constituer. La période des grandes crises doctrinales est close, le dogme s’assied et les hérésies ne le mettront plus en échec jusqu’à la Réforme ; la primauté pontificale s’affirme, l’organisation du clergé est désormais solide, le culte et la liturgie s’unifient, la discipline et le droit canonique se fixent, la propriété ecclésiastique s’accroît, la dîme s’établit, la constitution fédérale de l’Église, — divisée en circonscriptions assez autonomes, — disparaît, le mouvement centralisateur au profit de Rome se dessine. Lorsque les Carolingiens eurent constitué le domaine temporel des papes, ce mouvement aboutit et l’Église latine, fortement hiérarchisée, fut, en peu de temps, relativement, aussi centralisée que jadis l’Empire romain auquel son autorité universelle s’était ainsi substituée. En même temps le christianisme s’étendit encore et conquit les barbares. Les missionnaires anglo-saxons donnèrent l’exemple, depuis saint Boniface et saint Willibrord ; ils furent suivis. L’Évangile fut prêché chez les Alamans et les Frisons, les Saxons et les Scandinaves, les Bohêmes et les Hongrois, les Russes et les Wendes, les Poméraniens et les Prussiens, les Lithuaniens et les Finnois. À la fin du treizième