Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/126

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de défenses leur interdirent successivement toute industrie et tout commerce, sauf celui du bric-à-brac, et de la friperie. Tous ceux qui échappèrent à cette obligation le firent en vertu de privilèges particuliers qu’ils payèrent le plus souvent fort cher.

Ce n’est pas tout cependant ; d’autres causes plus intimes s’ajoutèrent à celles que je viens d’énumérer, et toutes concoururent à rejeter de plus en plus le Juif en dehors de la société, à l’enfermer dans le ghetto, à l’immobiliser derrière le comptoir où il pesait l’or.

Peuple énergique, vivace, d’un orgueil infini, se considérant comme supérieur aux autres nations, le peuple juif voulut être une puissance. Il avait instinctivement le goût de la domination puisque, par ses origines, par sa religion, par la qualité de race élue qu’il s’était de tout temps attribuée, il se croyait placé au-dessus de tous. Pour exercer cette sorte d’autorité, les Juifs n’eurent pas le choix des moyens. L’or leur donna un pouvoir que toutes les lois politiques et religieuses leur refusaient, et c’était le seul qu’ils pouvaient espérer. Détenteurs de l’or, ils devenaient les maîtres de leurs maîtres, ils les dominaient et c’était aussi l’unique façon de déployer leur énergie, leur activité.

N’auraient-ils pu la manifester d’une autre manière ? Si, et ils le tentèrent, mais là, ils eurent à combattre contre leur propre esprit. Durant de longues années, ils furent des intellectuels, ils s’adonnèrent aux sciences, aux lettres, à la philosophie. Ils furent mathématiciens et astronomes ; ils firent de