Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/129

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d’eux tout ce qui n’était pas la Loi sainte, ils étaient destinés à périr et à se dissoudre parmi les nations. À leur point de vue étroit et fanatique, sans doute n’avaient-ils pas tort, et c’est grâce à eux que les Juifs persistèrent partout comme une tribu étrangère, gardant jalousement ses lois et ses coutumes, résignée à la mort intellectuelle et morale plutôt qu’à la mort physique et naturelle des peuples déchus.

En 1232, le rabbin Salomon de Montpellier lança l’anathème contre tous ceux qui liraient le Moré Neboukhim ou se livreraient aux études scientifiques et philosophiques. Ce fut le signal du combat. Il fut violent de part et d’autres, et on eut recours à toutes les armes. Les rabbins fanatiques en appelèrent au fanatisme des dominicains, ils dénoncèrent le Guide des Égarés et le firent brûler par l’inquisition : ce fut l’œuvre de Salomon de Montpellier et elle marqua la défaite des obscurantistes. Mais cette défaite ne clôtura pas la lutte. À la fin du siècle elle fut reprise par don Astruc de Lunel, soutenu par Salomon ben Adret de Barcelone, contre Jacob Tibbon de Montpellier. À l’instigation d’un docteur allemand, Ascher ben Yehiel, un synode de trente rabbins réuni à Barcelone sous la présidence de Ben Adret, excommunia tous ceux qui avant vingt-cinq ans lisaient d’autres livres que la Bible et le Talmud.

L’excommunication contraire fut prononcée par Jacob Tibbon, qui à la tête de tous les rabbins provençaux, défendit hardiment la science condamnée.