Désormais, le Juif ne pensa plus. Et quel besoin avait-il de penser, puisqu’il avait un code minutieux, précis, œuvre de légistes casuistes, qui pouvait répondre à toutes les questions qu’il était licite de poser ? Car on interdisait au croyant de s’enquérir des problèmes que n’indiquait pas ce code : le Talmud. Dans le Talmud, le Juif trouvait tout prévu ; les sentiments, les émotions, quels qu’ils fussent, étaient marqués ; des prières, des formules toutes faites permettaient de les manifester. Le livre ne laissait place ni à la raison, ni à la liberté, d’autant qu’on en proscrivait presque, en l’enseignant, la partie légendaire et la partie gnomique pour insister sur la législation et le rituel. Par une telle éducation, le Juif ne perdit pas seulement toute spontanéité, toute intellectualité : il vit diminuer et s’affaiblir sa moralité. Les talmudistes tenant compte seulement des actes, actes extérieurs accomplis machinalement, et non d’un but moral, restreignirent d’autant l’âme juive ; et, entre le culte et la religion qu’ils préconisèrent et le système chinois du moulin à prières, il n’y a que la différence qui sépare la complexité de la simplicité. Si, par la tyrannie qu’ils exercèrent sur leur troupeau, ils développèrent chez chacun l’ingéniosité et l’esprit de ruse nécessaires pour échapper au filet qui saisissait impitoyablement, ils accrurent le positivisme naturel des Juifs en leur présentant comme unique idéal un bonheur matériel et personnel, bonheur que l’on pouvait atteindre sur la terre si on savait