Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/177

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sacramentis[1] ; Alain de Lille dans son De Fide Catholica[2] ; bien d’autres encore dont l’énumération serait fastidieuse procédaient de façon identique, développant les mêmes raisonnements, s’appuyant sur les mêmes textes, usant des mêmes interprétations. Toute cette littérature était du reste d’une extrême médiocrité ; j’en connais peu de plus vaine et Anselme de Cantorbéry lui-même, lorsqu’il composa son De Fide seu de Incarnatione verbis contra Judaeos, ne réussit pas à la rendre plus intéressante.

Cependant, ces écrits, ces discussions, ces fictifs dialogues remplissaient peu ou même pas du tout leur but. Ils n’étaient guère consultés que par des clercs et ainsi s’adressaient à des convertis ; si les rabbins les lisaient, ils n’en faisaient qu’un cas très mince ; comme leur exégèse et leur science biblique étaient de beaucoup supérieures à celle des bons moines, ces derniers avaient rarement l’avantage ; en tous cas ils ne persuadaient nullement ceux qu’ils désiraient convaincre et, comme ils ne connaissaient pas les commentaires talmudiques et exégétiques dans lesquels les Juifs puisaient leurs armes et leurs forces, ils ne pouvaient les combattre avec efficacité. Au treizième siècle les choses changèrent. Les œuvres des philosophes juifs se répandirent, et exercèrent sur la scolastique de ce temps une considérable influence ; des hommes comme Alexandre de Hales lurent Maïmonide (Rabi Moyses) et Ibn

  1. Migne, P. L., CLXX.
  2. Migne, P. L., CCX.