fier au gré des circonstances, sans que les réformateurs encourussent l’anathème ou l’exécration théologique : ce que l’homme avait fait, l’homme pouvait le défaire. Aussi les vaincus se soulevaient-ils contre les conquérants par patriotisme, et nul mobile ne les poussait que le désir de ressaisir leur sol et de reprendre leur liberté. En dehors de ces soulèvements nationaux, ils demandèrent rarement à n’être pas soumis aux lois générales ; s’ils protestèrent, ce fut contre les dispositions particulières, qui les mettaient vis-à-vis des dominateurs dans un état d’infériorité ; et, dans l’histoire des conquêtes romaines, nous voyons les conquis s’incliner devant Rome, lorsque Rome leur impose strictement la législation qui régit l’empire.
Pour le peuple juif, le cas était très différent. En effet, comme déjà le fit remarquer Spinoza[1] « les lois révélées par Dieu à Moïse n’ont été autre chose que les lois du gouvernement particulier des Hébreux ». Moïse[2], prophète et législateur, conféra à ses dispositions judiciaires et gouvernementales la même vertu qu’à ses préceptes religieux, c’est-à-dire la révélation. Iahvé, non seulement avait dit aux Hébreux : « Vous ne croirez qu’au Dieu Un et vous n’adorerez pas d’idoles », mais il leur avait prescrit aussi des règles d’hygiène et de morale ; non seule-