Chrysostome, de saint Augustin, de saint Jérôme. Avant la naissance de Jésus, le peuple juif a été le peuple prédestiné, le fils chéri de Dieu ; depuis qu’il a méconnu son Sauveur, depuis qu’il a été déicide, il est devenu le peuple déchu par excellence, et, après avoir fait le salut du monde, il en cause la ruine.
Dans certaines œuvres, cette conception est très nettement exposée, ainsi dans le livre peu connu de Gougenot des Mousseaux : Le Juif, le Judaïsme et la Judaïsation des peuples chrétiens[1]. Pour Gougenot, les Juifs sont « le peuple à jamais élu, le plus noble et le plus auguste des peuples, le peuple issu du sang d’Abraham, à qui nous devons la mère de Dieu ». En même temps les Juifs sont les plus pervers et les plus insociables des êtres. Comment concilie-t-il ces contradictions ? En opposant le Juif mosaïste au Juif talmudiste, et la Bible au Talmud. C’est ainsi du reste que procèdent la plupart des antisémites chrétiens. « C’est le judaïsme et non le mosaïsme qui s’oppose à la réforme radicale des Juifs », dit l’abbé Chiarini dans un mémoire écrit pour servir « de guide aux réformateurs des Juifs »[2].
Toutefois, les antitalmudistes, quelles que soient leurs affinités et leur parenté avec les antijuifs du Moyen Âge, se placent à un point de vue un peu différent. Jadis on relevait surtout dans le Talmud des blasphèmes contre la religion chrétienne, ou bien on