Après Duhring, Nietzsche[1], à son tour, a combattu la morale juive et chrétienne, qui selon lui est la morale des esclaves, en opposition avec la morale des maîtres. Les Juifs et les chrétiens, par les prophètes et par Jésus, ont fomenté « la révolte des esclaves dans la morale » ; ils ont fait prédominer des conceptions basses et nuisibles, qui consistent à déifier le faible, l’humble, le misérable et à lui sacrifier le fort, l’orgueilleux et le puissant.
En France, quelques révolutionnaires athées, entre autres Gustave Tridon[2], et Regnard[3], ont pratiqué cet antisémitisme antichrétien qui se ramène en dernière analyse à l’antisémitisme ethnologique, de même que l’antisémitisme métaphysique proprement dit.
Nous pouvons donc réduire les diverses variétés de l’antisémitisme à trois : l’antisémitisme chrétien, l’antisémitisme économique, l’antisémitisme ethnologique. Dans l’examen que nous venons d’en faire, nous avons constaté que les griefs des antisémites étaient des griefs religieux, des griefs sociaux, des griefs ethnologiques, des griefs nationaux, des griefs intellectuels et moraux. Pour l’antisémite, le Juif est un individu de race étrangère, incapable de s’adapter, hostile à la civilisation et à la foi chrétiennes, immoral, antisocial, d’un intellect différent de l’in-