C’est que la Judée avait connu bien des vicissitudes. Elle avait toujours été un pays de passage pour Miçraïm et pour Assur ; puis quand les Juifs étaient revenus de captivité, ils s’étaient alliés avec les Samaritains, avec les Edomites et les Moabites ; après la conquête de l’Idumée, par Hyrcan, il y avait eu des alliances juives et iduméennes, et pendant la guerre avec Rome, les vainqueurs latins, avaient, affirmait-on, engendré des fils. « Sommes-nous bien sûrs, disait mélancoliquement Rabbi Ulla à Juda ben Yehisquil, de ne pas descendre des païens qui, après la prise de Jérusalem, ont déshonoré les jeunes filles de Sion ? »
Mais ce qui favorisa le plus l’introduction du sang étranger dans la nation israélite, ce fut le prosélytisme. Les Juifs furent par excellence un peuple de propagandistes, et, à partir de la construction du second Temple, à partir de la dispersion surtout, leur zèle fut considérable. Ils furent bien ceux dont l’Évangile dit qu’ils couraient « la terre et la mer pour faire un prosélyte[1] », et Rabbi Eliézer pouvait à bon droit s’écrier : « Pourquoi Dieu a-t-il disséminé Israël parmi les nations ? Pour lui recruter partout des prosélytes[2]. » Les témoignages attestant cette ardeur prosélytique des Juifs abondent[3] et, durant les premiers siècles avant l’ère chrétienne, le ju-