pouvait s’élever au-dessus des autres ; le dur maître céleste amenait l’égalité terrestre, et déjà le primitif mosaïsme portait en lui cette égalité sociale. Devant Dieu tous les hommes sont égaux ; ils sont égaux devant la loi, puisque la loi est une émanation divine, et les malheureux, en parlant des riches, ont raison de dire à Néhémie : « Nos enfants sont comme leurs enfants[1]. »
C’est Dieu lui-même qui commande cette égalité, et ce sont encore les puissants qui sont l’obstacle à sa réalisation. Les humbles, qui vivent en commun, la pratiquent ; ils suivent les préceptes communistes du Lévitique, de l’Exode, des Nombres, préceptes inspirés par des préoccupations égalitaires. Quant aux riches, ils oublient que Iahvé tira tous les hommes du même limon, ils méconnaissent l’égalité que Dieu a proclamée. Aussi, ils oppriment le peuple, ils emplissent leurs maisons des dépouilles du pauvre, ils broutent sa vigne, ils font des veuves leur proie, des orphelins leur butin[2], et c’est grâce à leurs iniquités que l’inégalité subsiste.
Contre eux, contre ces possesseurs et ces grands, les prophètes lancent l’anathème ; les psalmistes fulminent : « Dieu des vengeances, Éternel ! Dieu des vengeances, parais[3] », crient-ils. Ils reprochent au riche l’abondance de ses trésors, son luxe, son