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permettre de dire que les sociétés secrètes représentèrent les deux côtés de l’esprit juif : le rationalisme pratique et le panthéisme, ce panthéisme qui, reflet métaphysique de la croyance au dieu un, aboutit parfois à la théurgie kabbalistique. On montrerait facilement l’accord de ces deux tendances, l’alliance de Cuzotte, de Cagliostro[1], de Martinez, de Saint-Martin, du comte de Saint-Germain, d’Eckartshausen, avec les encyclopédistes et les jacobins, et la façon dont, malgré leur opposition, ils arrivèrent au même résultat, c’est-à-dire l’affaiblissement du christianisme. Cela, encore une fois, servirait uniquement à prouver que les Juifs purent être les bons agents des sociétés secrètes, parce que les doctrines de ces sociétés secrètes s’accordaient avec leurs propres doctrines, mais non qu’ils en furent les initiateurs. Le cas de Martinez de Pasqualis est tout à fait spécial, et toutefois il ne faut pas oublier qu’avant d’organiser ses loges, Martinez était déjà initié aux mystères de l’illuminisme de la Rose-Croix.

Pendant la période révolutionnaire, les Juifs ne restèrent pas inactifs. Étant donné leur petit nombre à Paris, on les voit occuper une place considérable, comme électeurs de section, officiers de légion ou assesseurs, etc. Ils ne sont pas moins de dix-huit à Paris, et il faudrait dépouiller les archives de province pour déterminer leur rôle général. Parmi ces dix-huit, quelques-uns même méritent d’être

  1. On a souvent affirmé que Cagliostro était juif, mais sans apporter à l’appui de cette affirmation des preuves sérieuses.