Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/368

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lement poussé, chaque année, à reproduire figurativement, à la même époque, le meurtre du Christ ; c’est pour cela que dans les actes légendaires des enfants martyrs, on montre toujours la victime crucifiée et subissant le supplice de Jésus, parfois même, on la représente couronnée d’épines et le flanc percé. À cette croyance générale s’ajoutèrent les préventions, souvent justifiées, contre les Juifs adonnés aux pratiques magiques. En effet, au Moyen Âge, le Juif fut considéré par le peuple comme le magicien par excellence, en réalité, certains Juifs se livrèrent à la magie ; on trouve beaucoup de formules d’exorcisme dans le Talmud, et la démonologie talmudique et kabbalistique est très compliquée[1]. Or, on sait la place que le sang occupa toujours dans les opérations de sorcellerie. Dans la magie chaldéenne il eut

  1. Les exemples des Juifs magiciens et astrologues sont très nombreux. Dés les premières années de leur séjour à Rome, ils disaient la bonne aventure près de la porte Capéne. Dans la légende de saint Léon le Thaumaturge et d’Héliodore c’est un magicien célèbre juif qui instruit Héliodore. Sédéchias le médecin de l’empereur Louis, volait, dit-on, en l’air. Yéchiel de Paris était renommé par la puissance de ses enchantements : de nombreux Juifs étaient astrologues auprès des princes ; encore, au seizième siècle, le Juif Hélias fut astrologue du dernier Visconti. Les Juifs et les Sarrasins de Salamanque s’adonnèrent beaucoup à la magie, c’est par eux que les livres magiques se répandirent ; de même à Tolède. Dans le ghetto de Rome jusqu’au dix-huitième siècle, les Juifs vendaient des amulettes et des philtres. Aussi, Trithème raconte-t-il l’histoire d’un Juif qui se transformait en loup et de l’Ancre assimile les Juifs aux sorciers. La légende de Simon le Magicien n’est pas non plus étrangère à cette idée que tous les Juifs sont des magiciens.