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L'ANTISÉMITISME

ville où l’on pouvait adorer Dieu et sacrifier à son temple. Ils formaient partout des sortes de républiques, reliées à la Judée et à Jérusalem, et de partout ils envoyaient de l’argent, payant au grand-prêtre un impôt spécial, le didrachme, pour l’entretien du temple.

De plus, ils se séparaient des habitants par leurs rites et leurs coutumes ; ils considéraient comme impur le sol des peuples étrangers et cherchaient dans chaque ville à se constituer une sorte de territoire sacré. Ils habitaient à part, dans des quartiers spéciaux, s’enfermant eux-mêmes, vivant isolés, s’administrant en vertu de privilèges dont ils étaient jaloux et qui excitaient l’envie de ceux qui les entouraient. Ils se mariaient entre eux et ne recevaient personne chez eux, craignant les souillures. Le mystère dont ils s’entouraient excitait la curiosité et en même temps l’aversion. Leurs rites paraissaient étranges et on les en raillait ; comme on les ignorait, on les dénaturait et on les calomniait.

À Alexandrie, ils étaient très nombreux. D’après Philon[1], Alexandrie était divisée en cinq quartiers. Deux étaient habités par les Juifs. Les droits que leur accorda César, et qu’ils gardaient précieusement, étaient gravés sur une colonne. Ils avaient un sénat s’occupant exclusivement des affaires juives et étaient jugés par un ethnarque. Armateurs, commerçants, agriculteurs, la majorité étaient riches ; la

  1. In Flaccum.