chant à saisir cet or dont l’importance commença à apparaître pendant les premières années du moyen âge. Les manifestations de l’antisémitisme actuel sont, du moins dans l’Europe occidentale[1], différentes des manifestations d’autrefois, les griefs ont varié, c’est-à-dire qu’on les a exprimés d’une autre façon, qu’on les a soutenus par des théories scientifiques, anthropologiques et ethnologiques, mais les causes n’ont pas sensiblement changé et l’antisémitisme contemporain ne diffère de l’antijudaïsme d’antan que parce qu’il est moins inconscient, plus raisonneur, plus dogmatique, moins impulsif et plus réfléchi. À la base de l’antisémitisme de nos jours, comme à la base de l’antijudaïsme du treizième siècle, se trouvent l’horreur et la haine de l’étranger. C’est là la cause fondamentale de tout antisémitisme, c’est là le motif permanent, celui qu’on trouve à Alexandrie sous les Ptolémée, à Rome au temps de Cicéron, dans les villes grecques de l’Ionie, à Antioche et dans la Cyrénaïque, dans l’Europe féodale et dans les États contemporains que le principe des nationalités anime.
Maintenant, laissons le vieil antijudaïsme et ne nous occupons que de l’antisémitisme moderne. Produit d’une action de l’exclusivisme national et d’une réac-
- ↑ Dans l’Europe orientale, en Perse, au Maroc, nous avons un tableau approximatif de l’antisémitisme au moyen âge. Préjugés, législations restrictives, avanies humiliations, massacres, émeutes, expulsions, rien ne manque. Je pense du reste l’avoir montré, pour la Roumanie et la Russie, dans le huitième chapitre de ce livre.