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DE LA FONDATION DE L'ÉGLISE A CONSTANTIN
Simlaï. — Abbahu de Césarée et le médecin Jacob le Minéen. — Le "Contre Celse" et les railleries juives. — L’antijudaïsme théologique. — Tertullien et le De adversus Judæos. — Cyprien et les trois livres contre les Juifs. — Minucius Felix, Commodien et Lactance. — Constantin et le triomphe de l’Église.


L’Église est fille de la Synagogue ; elle est née d’elle ; grâce à elle, elle s’est développée, elle a grandi à l’ombre du temple, et, à peine vagissante, elle s’est opposée à sa mère ; ce qui était naturel, car des principes trop dissemblables les séparaient.

Aux premiers siècles de l’ère chrétienne, aux âges apostoliques, les communautés chrétiennes sortirent des communautés juives, comme une colonie d’abeilles essaimant de la ruche ; elles s’implantèrent sur le même sol.

Jésus n’était pas né que les Juifs avaient bâti leurs maisons de prière dans les villes de l’Orient et de l’Occident ; et nous avons déjà vu leur expansion en Asie Mineure, en Égypte, dans la Cyrénaïque, à Rome, en Grèce, en Espagne. Par leur incessant prosélytisme, par leurs prédications, par l’ascendant moral qu’ils exercèrent sur les peuples au milieu desquels ils vivaient, ils frayèrent la voie au christianisme. Certes, déjà et avant eux, les philosophes étaient arrivés à la conception du Dieu unique, mais l’enseignement des philosophes était restreint ; il n’était pas accessible au menu peuple, à la catégorie des humbles que les métaphysiciens dédaignaient plutôt. Les Juifs parlèrent aux petits, aux faibles ; ils firent germer dans leur âme des idées qui leur