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L'ANTISÉMITISME

Judaïsme et n’avaient pas encore placé le culte de Jésus à côté de celui du Dieu un. À mesure que se forma le dogme de la divinité du Christ, le fossé se creusa entre l’Église et la Synagogue. Le Judaïsme ne pouvait admettre la divinisation d’un homme ; reconnaître quelqu’un comme fils de Dieu, c’était blasphémer ; et comme les judéo-chrétiens n’avaient pas abandonné la communauté juive, ils étaient soumis à sa discipline. C’est ce qui explique les flagellations des Apôtres et de nouveaux convertis, la lapidation d’Étienne et la décapitation de l’Apôtre Jacques.

Après la prise de Jérusalem, après cette tempête qui laissa la Judée dépeuplée, les meilleurs de ses enfants ayant péri dans les combats, ou dans les cirques où ils furent livrés aux bêtes, ou dans les mines de plomb d’Égypte, pendant cette troisième captivité que les Juifs appelèrent l’exil romain, les rapports des judéo-chrétiens et des Juifs se tendirent davantage encore. La patrie morte, Israël, se groupait autour de ses docteurs. Jabné, où le Synhédrin était réuni, remplaçait Sion sans la faire oublier, et les vaincus s’attachaient plus étroitement encore à la Loi que commentaient les Sages.

Désormais, ceux qui attaquaient cette Loi, devenue le plus cher patrimoine du Juif, devaient être considérés par lui comme des ennemis plus redoutables encore que ne l’avaient été les Romains. Les docteurs combattirent donc la doctrine chrétienne qui faisaient des prosélytes dans leur troupeau, et