daïsme et dans laquelle il fut supplanté. Ce deuxième siècle est un des moments les plus considérables de l’histoire de l’Église. Le dogme, hésitant au premier siècle, se forme, se précise ; Jésus marche vers la divinité, il l’atteint, et sa métaphysique, son culte, sa conception se confondent avec les doctrines judéo-alexandrines, les théories de Philon sur la parole de Dieu, la memra chaldéenne et le logos grec ; le Verbe naît, il s’est identifié avec le Galiléen ; les apologies de Justin et le quatrième Évangile nous montrent l’œuvre accomplie. Le christianisme est devenu alexandrin, et ses plus ardents soutiens, ses défenseurs, ses orateurs mêmes, sont à cette heure les philosophes chrétiens de l’école d’Alexandrie : Justin, l’Auteur du quatrième évangile, et Clément.
En même temps que cette transformation dogmatique s’opérait, l’idée de l’Église universelle se fortifiait. Les petites communautés chrétiennes, détachées des groupements juifs, se liaient entre elles ; plus leur nombre croissait, plus ce lien augmentait de force, et cette conception unitaire, catholique, coïncidait avec l’expansion de plus en plus grandissante du christianisme.
Cette expansion ne pouvait s’opérer dans une parfaite quiétude. La prédication chrétienne s’adressait à toutes ces juiveries d’Asie Mineure, d’Égypte, de Cyrénaïque, d’Italie, dans lesquelles existait un élément peu orthodoxe, l’élément juif hellénisé, que les doctrines chrétiennes cherchaient à s’attacher. De même, les propagandistes parlaient à cette masse