Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/79

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liser entièrement dans le culte des Empereurs. Tous ceux qui voulaient se soustraire à ce culte étaient considérés comme des ennemis de César et de l’Empire, on les tenait pour mauvais citoyens. Ces sentiments expliquent l’animosité romaine contre les religions orientales et contre les Juifs, ils expliquent les mesures prises contre les sectateurs de Iahvé, et mieux encore ils font comprendre les rigueurs qui furent exercées contre les adorateurs de Mithra, de Sabazios et surtout contre les chrétiens, car ceux-là n’étaient pas des étrangers, comme les Juifs, mais des citoyens rebelles.

Aussi, c’est grâce à des motifs politiques que le christianisme triompha, et encore dut-il, pour affermir sa victoire et pour dominer, adopter beaucoup des pratiques cérémonielles de la Rome ancienne. Lorsque les chrétiens eurent accru leur nombre, lorsqu’ils formèrent un parti considérable, ils furent sauvés et virent luire l’aurore de la victoire, car les prétendants au trône purent s’appuyer sur eux et les faire servir à consolider leur autorité. C’est ce qui arriva pour Constantin, c’est ce que Constance peut-être avait prévu, alors qu’il commandait les légions gauloises. L’Église victorieuse hérita de Rome. Elle hérita aussi de sa morgue, de son exclusivisme, de son orgueil et, sans transition presque, de persécutée elle devint persécutrice, disposant à son tour du pouvoir qui l’avait combattue, prenant en main les faisceaux consulaires et la hache et dirigeant les légionnaires.