Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/81

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nière et faible attache qui le liait encore à son berceau. Après le Synode, tout fut fini, du moins officiellement et au point de vue de l’orthodoxie entre l’Église et le Temple, mais il fallut encore d’autres décisions conciliaires pour empêcher les fidèles de se conformer à l’ancien usage, et ce ne fut qu’en 341 que s’effectua l’unité de célébration de la Pâque, lorsque le Concile d’Antioche eut excommunié les Quartodécimans.

Quand l’Église fut armée, l’antijudaïsme se transforma. Simplement théologique au début, fait de discussions et de controverses, il se précisa, s’aggrava, devint plus âpre et plus dur. À côté des écrits, on vit paraître les lois ; avec les lois se produisirent les manifestations populaires. Encore les écrits se modifièrent-ils. Pendant les siècles de persécutions l’apologétique avait fleuri, et toute une littérature était née du besoin qu’éprouvaient les chrétiens de convaincre leurs adversaires. Ils s’adressaient soit aux Juifs, soit aux païens, soit aux empereurs, et tous : Justin, Athénagore, Tatien, Ariston de Pella, Meliton s’efforçaient de prouver à César que leurs doctrines étaient sans danger pour la chose publique, qu’ils pouvaient, sans sacrifier aux Dieux, être de bons sujets, d’une obéissance égale et d’une moralité supérieure à celle des païens. En outre, ils démontraient aux Juifs qu’ils étaient, eux chrétiens, les seuls fidèles à la tradition, qu’ils accomplissaient les prophéties et que les moindres détails de leurs dogmes étaient prévus et annoncés par les Écritures. Vainqueur, le