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Les pères, les évêques, les prêtres qui avaient à combattre les Juifs les traitaient fort mal. Hosius, en Espagne, le pape Sylvestre, Paul évêque de Constantinople, Eusèbe de Césarée[1], les injurient ; ils les appellent « secte perverse, dangereuse et criminelle ».

Quelques-uns, comme Grégoire de Nysse[2], restent sur le terrain dogmatique et reprochent simplement aux Juifs d’être des incrédules qui refusent d’accepter le témoignage de Moïse et des prophètes sur la Trinité et l’Incarnation. Saint Augustin[3] est plus violent ; irrité par les objections des talmudistes, il les appelle falsificateurs et affirme qu’on ne doit pas chercher la religion dans l’aveuglement des Juifs, le judaïsme ne pouvant servir que comme terme de comparaison pour démontrer la beauté du christianisme. Saint Ambroise[4] les attaquait d’un autre côté, il reprenait les arguments de l’Antiquité, ces arguments qui avaient servi contre les premiers chrétiens et il accusait les Juifs de mépriser les lois romaines. Saint Jérôme[5] assurait que l’esprit immonde avait saisi les Juifs, et lui qui avait appris l’hébreu à l’école des rabbins il disait, songeant sans doute à la malédiction des Minéens dont il dénaturait le sens : « Il faut haïr les Juifs qui, chaque jour, insultent

  1. Demonstratio evangelica.
  2. Testimonia adversus Judæos ex vetere Testamento, Migne, P. G., XLVI.
  3. Oratio adversus Judæis, Migne, P. L., XLII.
  4. De Tobia, Migne, P. L., XIV.
  5. Ep. cli. Quæst., 10, Migne, P. L., XXII.