Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/89

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impériale. Le premier usage qu’elle fit de cette autorité fut de poursuivre ceux qui lui étaient hostiles : elle trouva Constantin tout disposé à la servir. D’une part, l’empereur interdit la divination, ferma les temples, prohiba les sacrifices, fit fondre même, pour embellir les églises, les statues d’or et d’argent des Dieux, d’autre part, il consentit à réprimer le prosélytisme juif et remit en vigueur une ancienne loi romaine qui défendait aux Juifs de circoncire leurs esclaves, en même temps, il leur enleva une grande partie des privilèges qu’ils possédaient et leur ferma l’entrée de Jérusalem, ne les autorisant à entrer dans la ville que le jour anniversaire de la destruction du temple et contre un tribut payé en argent. Ainsi, en aggravant les charges qui pesaient sur les Juifs, Constantin favorisait le prosélytisme chrétien, et les prédicateurs ne manquaient pas d’exposer aux Israélites les avantages qu’apportait le baptême. Pour encourager même les hésitants, ceux qui, craignant la vengeance de leurs coreligionnaires, se gardaient de l’apostasie par crainte des mauvais traitements, l’empereur promulgua une loi qui condamnait au feu les Juifs qui poursuivaient leurs apostats à coups de pierres[1].

Cependant malgré son animosité, factice peut-être, contre les Juifs car, on ne sait s’il faut accepter comme véridique la lettre qu’Eusèbe lui attribue[2], et dont les termes sont très violents, Constantin prit

  1. Codex Justinianus, l. I, tit. VIII, 3.
  2. Eusèbe, Vita Constantini, III, 18, 20.